jeudi 28 octobre 2010

Vila-Eratap

Hello, hello !!
Je continue aujourd'hui le récit de notre séjour au Vanuatu. Vous pourrez voir où nous avons passé la majorité de notre temps sur Efate soit, Port-Vila et le village d'Eratap.
Eratap est un grand village qui se situe à environ 20 minutes de voiture au sud-est de Port-Vila.
Ce village se trouve tout près de Téouma, là où ont eu lieu les fouilles auxquelles Mathieu a participé au cours des deux dernières années. C'est généralement Silas qui héberge les étudiants et ce bon vieux bonhomme s'est particulièrement pris d'affection pour Mathieu. Rien de mieux que de nombreuses soirées bien arrosées de kava pour créer des liens forts à force de discuter d'affaires d'hommes soit, de kava ;)
Nous avons donc été reçus comme des rois les deux fois que nous y avons passé quelques jours.
Silas avait exigé de son fils qu'il nous laisse sa maison (et cela qu'on y soit présents ou non !! donc pendant notre passage à Malekula, Chris le fils en question n'avait même pas le droit de reprendre possession de sa maison puisque Silas savait que Mathieu voulait revenir lorsqu'on serait de retour à Vila et qu'il y avait laissé un sac), bien sur nous avons bien apprécié ce geste, mais on se sentait aussi un peu mal pour Chris.
Voici notre chambre

Dans bien des maisons dans les villages, la cuisine se trouve à l'extérieur.
Alors voici la cuisine de la maison de Chris. Mais nous, nos repas étaient concoctés par la femme de Silas qui habite juste à côté.
Le tas de pierres que vous voyez, ca s'appelle un four à Laplap et toutes les pierres ont été sélectionnées spécialement pour ce type de four. C'est là-dessus qu'ils font cuire le Laplap en question qui, je vous le répète, est le plat national du Vanuatu.
Mais chez Silas, je crois qu'à force de recevoir les étudiants étrangers, il a rapidement compris que les occidentaux préfèrent souvent manger du riz alors c'est ce qu'on nous a servi avec du Island cabbage et un peu de poisson.


Ceux-là on ne les a pas mangés ;)
Mais ils se promenaient sur notre plafond de maison !! On trouve de tout dans ces maisons de l'araignée jusqu'au poulet.
Mathieu s'est même déjà fait réveiller par un crabe en balade dans la maison.
Je suis d'ailleurs bien déçue de ne jamais en avoir vu après 5 semaines a me promener dans des îles.

Nous sommes allés deux fois à Eratap, la première pour me présenter à tout le monde et collecter quelques items laissés à la maison et la deuxième fois à la toute fin pour y ramasser de l'argile. Voici donc un cliché de la dernière journée de vrai travail de terrain de Mathieu. Le lendemain on devait aussi aller ramasser de l'argile dans un autre village près de Vila, mais finalement ca s'est avéré que Mathieu avait déjà bien fait le tour l'an passé alors on n'a seulement fait qu'un tour de voiture.
Donc c'est lors de cette dernière marche dans la boue que Mathieu a récolté ses derniers échantillons de l'année. Comme vous pouvez les constater, la végétation est toujours aussi luxuriante que partout au Vanuatu et la route plutôt boueuse....

et donc impraticable pour la petite voiture ''sport'' qu'avait déniché Silas.
Mathieu et moi sommes tous les deux d'accord pour dire que c'est la pire voiture et celle dans plus mauvais état dans laquelle ont s'est déplacé. Non seulement le pare-brise était éclaté et blocait la vision du chauffeur, mais la voiture était aussi tout cabossée, dégageait une odeur d'essence inquiétante et ne pouvait aller au delà de 15 km dans une côte que j'aurais pu monter en vélo. Bref, ce n'était pas le meilleur choix de bolide pour le travail qu'il y avait à faire et c'est sans doute pour cela que nous avons eu une crevaison au retour ;)
J'aimerais aussi que vous notiez que la voiture était pourvue d'un moelleux recouvrement de toit à l'intérieur. On ne sait pas trop pourquoi ils font ca, mais de nombreuses voitures et bus ont ce type de décoration. C'est quoi ? une manière de pimper ton char ou ca sert à adoucir le choc en cas de tonneaux ?

Lors de notre dernière journée passée au village, nous avons été invités à nous joindre à une cérémonie officielle organisée pour la commémoration de la mort d'un chef décédé l'an passé.
Généralement lors de cérémonies, il y a toujours un discours, un ou deux cochons d'impliqués et du kava. Cette fois-ci, il y a eu un discours suivi de l'abattage live d'un cochon (je n'ai pas de photos à vous partager puisque je n'ai pas pensé à en prendre pendant que j'étais sous le choc de voir un porc se faire fesser dessus à coups de bat en bois... il ne voulait pas mourir alors ca a pris beaucoup de coups...) et ensuite tout plein de kava pour nous relaxer un peu de toutes ces émotions. Il y avait aussi un ''buffet'' de nourriture avec une grande variétés de plats: riz, laplap, salade, patate douce, igname et, la cerise sur le sundae, un cochon roti (pas celui ensanglanté qui gisait pas très loin du buffet et qui a plutot servi à être séparé et offert aux divers convives). Le porc rôti était particulièrement délicieux. Et le kava était aussi particulièrement fort ce qui m'a fait regretter l'absence de bancs due aux nombreux autres buveurs de kava qui s'en étaient déjà emparrés.
Ah aussi, je ne voudrais pas oublier de vous mentionner une anecdote ''amusante''. On avait remarqué la présence d'un agent de sécurité à la cérémonie. On a alors demandé qui s'était et on nous a répondu qu'il était là parce que un des fils du chef décédé était en prison. Il avait eu une permission spéciale pour venir à la cérémonie et l'agent l'accompagnait pour qu'il ne se sauve pas et devait ensuite le ramener à la prison. Déjà là on trouvait ca spécial... alors on a demandé pourquoi il était en prison et ce n'était pour rien de moins que pour viol !!
Mais bon, c'est d'même le Vanuatu, si il y a une cérémonie en la mémoire de ton père, même si t'es en prison pour viol, t'as le droit de venir manger du cochon...

Et voici la preuve de mon acceptation dans le village. Au dernier matin (à 6h environ,je tiens à le préciser pour expliquer la tête dépeignée et les ptits yeux) Olive, la jolie et gentille demoiselle avec le bébé, est venue me donner une island dress, robe que porte la majorité des femmes.
Ils sont gentils n'est-ce pas :)
Ce cadeau est donc venu clore très agréablement mon séjour au village d'Eratap.


Maintenant nous voilà de retour à Port-Vila et la mignone batisse en haut de la côte, c'est notre hotel avec vue sur l'océan. Nous en fait on habitait dans le petit bungalow blanc juste à gauche de la batisse principale.

Nos faces sont plutôt foncées, mais c'était pour vous montrer la vue du balcon. On déjeunait donc chaque matin en regardant la mer et ses diverses teintes de bleu et de turquoise.

Voici notre chez-nous avec le lit confortable, un frigo pour avoir de la bière froide, une douche malheureusement tout aussi froide et de la place pour laisser nos nombreux sacs. Malgré sa douche et ses toutes petites araignées, on aimait bien notre petit bungalow :)

La majorité du temps passé à Vila a été consacré au travail au centre culturel. Mathieu devait sélectionner les fragments de poterie qu'il voulait ramener en Australie pour ses analyses et moi j'ai eu un peu de traduction à faire pour Stuart.
Alors voici le laboratoire d'archéologie du musée. C'est là que les analyses de coquillages et de poteries sont faits, le recollage des pièces et ensuite l'entreposage de tout cela.

La fenêtre par laquelle j'ai pris la photo précédente est celle que vous voyez à droite et la table devant c'est là que Mathieu et moi travaillions puisque Yarowai et Marika, les ''techniciens de laboratoire'' occupaient les bureaux (enfin, tables patentées) à l'intérieur.

Après les journées de ''dur'' labeur ;) pour se récompenser d'avoir si bien peu travaillé (c'est impossible d'être efficace si on travaille au musée, tout le monde se pogne le cul et te jase faisant en sorte que tu finis toi aussi par te pogner le cul) on allait prendre quelques shells de kava au nakamal. Sur la photo, le centre culturel se trouve à gauche, en face juste à côté de la grande maison rouge (qui est en fait le vrai nakamal des chefs pour les cérémonies officielles) est le nakamal aussi appelé nakamal des chefs mais qui est ouvert à tous les jours et pour tout le monde et enfin, à droite il y a le Reynaulds qui est un autre nakamal populaire mais que vous ne voyez pas parce qu'il est en fait caché derrière des batiments. C'est au Reynaulds que j'ai bu mon premier kava.

Voici la rue principale de Port-Vila, là où se trouve la majorité des restaurants, bars, boutiques, cafés, épiceries, etc. Là, il n'y a pas de traffic parce que c'est un dimanche et que tout le monde est à l'église et que tout est fermé, mais en général s'est bondé de gens et de voitures.

Cette rue est parallèle au bord de l'eau alors quand on est tannés du traffic, on fait un ptit croche et on vient marcher sur le bord de l'eau. C'est là qu'il y a le Numbawan café (café tenu par le neveu de Jack, mari de Johanne, cousine de Danielle, maman de Mathieu), des tables d'artisans, une grosse épicerie et l'hotel le Grand (gros batiment blanc) qui est le seul batiment qui a été endommagé (très mineur) lors du tremblement de terre que Mathieu a expérimenté il y a deux mois environ.

Encore une fois, le coucher de soleil au resto Bodega qu'on aimait bien

Comme je vous le disais, à Vila il n'y a pas vraiment de plages alors pour se baigner dans la mer il faut aller dans les resorts qui eux ont aménagés des plages. En face vous voyez le resort Iririki qui occupe l'ensemble de l'île Iririki. C'est donc très grand, il y a des restos, des piscines, un spa, une plage et tout plein de bungalows de toutes les tailles. On y est allé une fois parce que je voulais essayer la piscine qui se sépare en trois bassins à différentes hauteurs avec une petite chute d'eau, un ilot et un petit pont. Je trouvais que ca sonnait bien quand Mathieu me la décrivait alors j'ai voulu aller voir lors d'un de nos weekend de congé. Mathieu y était allé une fois avec Stuart et ses enfants. Ils ont passé l'après-midi à sirroter des bières sur le bord de la piscine et Stuart s'amusait à rappeler à Mathieu que c'était pas si mal de faire son doctorat et son travail de terrain au Vanautu ;)

Ca c'est la 2e piscine du resort là où il n'y a pas de petits ponts et tout, mais où les enfants sont interdits. Je trouvais la vue jolie.

Voici le resort que je préfère, c'est celui d'Erakor et qui se situe en face sur l'ile que vous voyez. Il suffisait de faire une quinzaine de minutes en bus pour qu'ensuite un bateau (que vous voyez à gauche) nous conduise sur l'ile pour profiter des installations. En fait, nous on profitait surtout des chaises longues, du bar et de l'océan (c'est là qu'il y a les nombreuses étoiles de mer).

Une des plages qu'on a trouvée lors d'une balade sur l'île.
Je ne me tanne jamais de voir des paysages comme ca ;)

Quand on allait dans les resorts, c'était là qu'on se considérait en vacances. Alors généralement on se gâtait.
Yummi cocktails !!

Lors de notre balade on avait aussi découvert cette charmante chapelle. Je me disais que c'était un chouette endroit pour célébrer un mariage. En tk, on ne peut plus simple, y'a que de l'amour dans la place, y'a même pas de murs !!

Quoique en ville on ne se soit jamais vraiment privé de manger des bons repas, Mathieu me parlait très souvent du restaurant qu'il surnomme affectueusement :''le poulet gras''. C'est un fastfood où de nombreux ni-van vont manger parce que c'est pas cher et où tout le monde commande un quart de poulet avec frites. Pour un de nos derniers diners, on s'est offert le spécial de la place et on a pu eu besoin de mettre du lipsyl pendant une semaine ensuite. Mais j'avoue c'était bien bon.

Pour terminer, les bateaux de croisière contribuent énormément au tourisme et débarquent, à chaque deux semaines environ, une mer de touristes qui viennent magasiner et visiter Port-Vila. Ce qui est très bien pour l'économie du pays, mais moins pour la santé de notre porte-feuille puisque ces vacanciers aux poches pleines de dollars sont prêts à payer le gros prix pour un repas ou un cochon sculpté ce qui fait que tout est cher ensuite à Port-Vila.

Alors voilà pour l'épisode Vila-Eratap. Bientot suivra le récit de notre palpitante aventure au volcan actif de Tanna !! Évidemment j'ai gardé le meilleur pour la fin ;)

lundi 25 octobre 2010

Malekula

Bonjour chers patients lecteurs,
encore une fois désolée de ne pas avoir entretenu le blog depuis un certain temps. Le retour à Canberra a été plus occupé que prévu et ensuite la connection internet de la maison était fort lente le weekend et en soirée donc j'ai du attendre d'être à mon bureau pour vous raconter nos histoires de voyage plutôt que de travailler ;)
Pour compléter le récit de notre séjour au Vanuatu, je diviserai le tout en sections selon les régions visitées de sorte que vous sachiez plus facilement où nous étions.
Donc après mon arrivé à Port-Vila, nous avons passé deux jours à Vila, et 2-3 jours à Eratap un village ''en banlieu'' de Vila. Mais je vous parlerez de ces endroits plus tard parce que nous y avons passé plus de temps lors de notre retour des îles.

Donc pour le moment, voici ce qu'a eu l'air notre séjour à Malekula.
Tout d'abord, je vous présente notre hôte: Jamison et sa famille. Sur la photo vous voyez Jamison, sa femme (amicalement surnommée la femme aux gigantesques melons !!), le jeune curieux Pierro toujours prêt à aller nous chercher une noix de coco (à droite), la petite qui m'a abattu un palmier à coup de machette (ca y est, je me sens mal, j'ai oublié son nom...) et Tyson (le ptit dernier, le 9e, qui a des problème avec ses yeux et est partiellement aveugle).
Fait amusant à noter: Jamison m'a demandé de l'eau pour le jeune Tyson. Je lui ai donné ma gourde que vous voyez dans sa main et il a rempli le bambou que vous voyez dans la main de sa femme. Alors maintenant sachez que le bambou est un excellent récipient hermétique et aussi efficace pour abreuver les bébés que les verres à becs verseurs ;)

On a pris cette photo parce qu'on aimait bien la scène. Quand vous regardez, à première vue tout semble normal: du linge qui sèche sur la corde, des vélos d'enfants qui trainent, un chien qui dort... ensuite ce qui commence à être plus particulier c'est que pratiquement tous les arbres que vous voyez produisent des fruits ou des noix comestibles et biensur, la cerise sur le sunday ce sont les nombreux coqs, poules et poussins qui se promènent sans gêne partout sur le terrain...
Mais bon, ca, c'est vraiment une image typique de village au Vanuatu :)

Et maintenant, gros plan sur les autres éléments qui eux aussi bien présents un peu partout...
Ces araignées font près de 10 cm de long, font tok si on donne un coup de machette dessus et produisent des toiles gigantesques qui vous font reculer la tête quand vous vous accrochez le front dedans.
(Cette photo est une petite pensée spéciale pour les profs collègues de Danielle qui se sont récemment joint au club de mes lecteurs et qui ont, parait-il, bien aimé les photos précédentes d'araignées. Mathieu et moi attendont avec impatience l'identification des dites bestioles)

Puisque les Ni-Vanuatu (vrai nom pour Vanuatien, enfin, celui qu'ils se donnent eux-mêmes) vivent essentiellement des produits de leurs terres et de l'océan, ils possèdent tous des jardins (du moins ceux qui vivent dans les villages et non en ville). Ces jardins sont luxuriants, comme tout le reste du pays d'ailleurs, et fournissent toute la nourriture dont ils ont besoin: igname, tarot, manioc, island cabbage, choux, oignon, banane, noix de coco et pour certain le kava.
On est loin de nos petits jardins qui prennent un carré dans la cours d'en arrière, ceux-ci sont immenses !! et pis pratiquement tout ce qui est vert est quelquechose qui se mange. Moi j'avais juste l'impression de me promener dans la jungle, mais eux pouvait nous nommer chaque plante qu'ils ont volontairement plantée et pris soin.

Pour agrandir ou préparer un futur jardin, ils coupent d'abord tous les arbres dans le chemin et ensuite mettent le feu à tout ca pour bien éclaircir la zone et en même temps ca aide à la fertilité du sol.

Lorsqu'on a visité les jardins de la famille de Jamison, ils nous ont suggéré d'aller faire une baignade. Alors cet endroit fait aussi parti de leur terrain associé aux jardins, mais ce ne sont pas des terres cultivées. La photo de Mathieu sur Facebook sur laquelle il est allongé sur un tronc d'arbre a été prise là.

Voici les banians. Ces arbres magnifiques se retrouvent partout au Vanuatu. Ils sont généralement immenses et servent de terrain de jeu aux enfants ou encore à Tanna ils contruisent même des maisons dedans !!

Cette plantation de cocotiers est sur la route entre le village où vit Jamison et la ville principale de Malekula: Lacatoro.
Je me devais de vous la montrer puisqu'entre Mathieu et moi il s'agit d'un running gag. Cette route, nous l'avons empruntée à plusieurs reprises et à chaque fois quelqu'un de différent nous mentionnait qu'il s'agissait de la plus grande plantation de cocotiers du Vanuatu. Mathieu me l'a même mentionné une fois sans savoir qu'on me l'avait déjà dit à plusieurs reprises, sans doute parce que lui aussi de son côté l'avait entendu maintes fois ;)
Bref, saviez-vous qu'il s'agit de la plus grande plantation de cocotiers du Vanuatu ?

Maintenant, parlons kava. Comme vous devez désormais le savoir, le kava est abondament consommé au Vanuatu. Sa consommation a particulièrement été encouragée après l'indépendance du pays, soit il y a exactement 30 ans cette année, afin de stimuler le sentiment d'appartenance de la population et d'encourager la pratique des coutumes traditionelles. De plus, le kava, au contraire de l'alcool, a un effet apaisant et stimule la discussion. Le président préférait donc que les gens boivent du kava pour diminuer le risque de tensions et de violences. Ca a bien fonctionné, maintenant le kava est profondément entré dans le quotidien des gens et les gens sont relax en maudit.
Certaines régions interdisent encore aux femmes dans boire puisqu'autrefois le kava n'était bu que dans les cérémonies ou réunions importantes où les hommes réglaient leurs différents ou le sort de la communauté. Ce tabou est d'ailleurs encore présent dans la région du Nord-Ouest Malekula, là où nous étions, alors à quelques reprises Mathieu est allé boire au Nakamal (endroit où on boit le kava) avec Jamison me laissant raconter des histoires sur le Canada aux enfants. Mais Jamison étant un hôte merveilleux, il a aussi voulu que je puisse profiter des bienfaits du kava et s'est arrangé à quelques reprises pour que le kava soit bu à la maison. Un de ses fils, le plus vieux encore présent avec la famille, nous a donc gentiment préparé le kava.
Comme vous le savez peut-être, le kava est une plante de la famille du poivre dont seule la racine est consommée. Elle est d'abord pelée puis couper en cubes pour ensuite être broyée et finalement filtrée avec de l'eau pour en faire un liquide brûnatre qui goûte pas bon.
Elle peut être broyée de diverses manières, mais les trois façons que Mathieu a pu observe pendant son périple sont: à la pierre, au ''grinder'' (appareil que vous voyez sur la photo) ou encore, elle peut être machée par des jeunes garçons. Oui oui, ils mettent bel et bien les cubes dans leur bouche, les mâchent jusqu'à l'obtention d'une pâte qu'ils recrachent ensuite dans une feuille d'arbre. On nous avait dit que le kava mâché est généralement plus fort, on l'a testé à Tanna et ouff c'est vrai !! J'ai jamais vu Mathieu allé se coucher aussi vite et avoir de la difficulté à finir un repas ;) hehehe mais moi aussi j'étais vedge en maudit, mais comme j'en avais moins bu, je pouvais encore rester éveillée un peu.

Voici l'étape du découpage en cubes effectuée dans le cas présent par des enfants qui désiraient se faire un peu d'argent de poche en préparant le kava des adultes.
Encore une fois, ca m'impression de voir les jeunes manipuler une machette qui est presque aussi grande qu'eux. Comment ca moi j'arrive à me couper avec une cueillère en plastique et qu'eux manient un couteau géant qui peut servir à abattre un arbre sans perdre un bout de doigt. J'ai même déjà vu le jeune Pierro se couper les ongles d'orteils avec une machette !!
Mais ca, ce n'est pas chez Jamison. Il est un bon papa qui ne demandent qu'au plus jeunes d'aider leur mère à faire le souper.... pendant qu'il va au Nakamal.

À Malekula, nous avons eu aussi la chance de visiter des grottes avec des peintures rupestres.
Ces grottes sont parait-il visitées par les esprits, oui oui, la preuve: ils y ont laissé des traces de pieds... Merci Jamison pour cette preuve scientifique à laquelle je n'avais pas pensé....
Mais bon, les Ni-Vanuatu croient beaucoup en la magie, c'est ancré dans leur quotidien et ils ne remettent pas en question son existence. Pour eux, la magie co-habite très bien avec la réalité actuelle. D'ailleurs il y a beaucoup d'endroits interdits (tabou) où seul un sorcier peut retirer le tabou pour en permettre l'accès par la suite. Le problème c'est que pour certains de ces endroits, les sorciers assez puissants pour enlever le tabou sont décédés alors maintenant plus personne ne peut y aller... mais ca ne les dérange pas, c'est juste comme ca.
Aussi il faut être prudent parce que les gens peuvent te jeter des sorts. On a même vu dans les journaux une histoire où un gars dans un village était mort et il y avait une enquête policière parce que les gens du village disaient que c'était quelqu'un du village voisin qui avait jeter un sort au gars en question. Pourtant l'hopital a dit qu'il était mort d'une complication dûe au diabète, mais ca personne ne le croyait... non non non, quelqu'un lui avait jeté un sort !!

Bon revenon à la grotte...
Elle était immense, avec plusieurs compartiments et même un arbre à l'intérieur !!
Il y avait aussi un endroit où la paroi rocheuse formait comme une petite tablette. La tablette en question se trouvait à quelques mètres d'une butte d'où la légende disait que les hommes devaient s'installer, prendre une roche et la lancer pour tenter t'atteindre la tablette. Si la roche demeure sur la tablette, ca veut dire que le premier enfant sera un garçon, si elle tombe, une fille. Évidemment, Jamison a voulu que Mathieu essaie et le résultat est que son (euh... notre, j'espère) premier enfant sera un garçon et le deuxième une fille. Après, Mathieu n'a pas voulu lancer d'autres roches ;) mais de toute façon, il fait dire que la légende dit que ca ne fonctionne que pour les 2 premiers enfants

En plusieurs endroits on retrouvait des dessins faits par les ancêtres de cette région. Malheureusement, j'ignore la datation exacte de ces peintures et gravures.

Alors voilà pour ce qui est de notre périple dans le Nord-Ouest Malekula. Nous y avons merveilleusement bien été accueillis et Mathieu espère sincèrement devoir y retourner pour d'éventuels travaux supplémentaires.

Uripiv

Après notre très agréable séjour chez Jamison, nous avons quitté la grande terre pour se rendre sur la petite île de Uripiv. Ce que vous voyez au loin c'est l'ile de Malekula et le petit bateau en avant plan c'est le genre d'embarcation qui nous fait faire le voyage entre la grosse île et la petite île. Là dessus il rentre sans problème de 10 à 15 personnes selon le besoin, même plus lors des heures de grand achalandage et biensur sans oublier les effets personnels de chacun soit des sac de riz, des ignames, des cochons, alléluia !!
Comme vous le constatez peut-être, il s'agit de bateaux de pêche. Lors d'un de notre dernier voyage, le conducteur du bateau, pêcheur de profession, pas plus fou qu'un autre et voulant tirer le maximum du potentiel d'une balade en bateau, nous a demandé à moi et une autre de tenir le fil à pêche afin d'attraper un thon au passage. Mais je crois déjà vous avoir raconté cette péripétie... faut croire que ca m'a marqué... je me demande encore ce que j'aurais fait si un thon avait mordu à l'hameçon !!

Lui aussi je crois vous l'avoir déjà présenté, il s'agit de Nouma notre hôte sympathique.
non seulement il nous a pêché ces magnifiques poissons, mais en plus il a même poussé l'hospitalité jusqu'à nous prêter sa propre chambre à Mathieu et moi.

Lors du début des fouilles, c'était plutôt les fieldworkers locaux qui avait du pain sur la planche alors qu'on ne cherche pas attentivement des artéfacts, mais qu'on tente plutôt d'atteindre la couche où ils se trouvent. On les a donc laissé pelleter et nous on est allés sur une autre petite île pas très loin où des villageois avaient déterrés des os de gens jadis mangés par leurs ancêtres. En fait faut dire qu'au Vanuatu il y avait du cannibalisme il n'y a pas si longtemps encore... jusque dans les années 70 !!
Mais à cet endroit ils nous on assuré qu'ils ne consommaient plus leurs semblables depuis au moins une ou deux génération... On était saufs ;)
Mais comme ils savent que les touristes sont friands d'histoires de cannibales et que les touristes c'est une source de revenus fort intéressante, ils voulaient donc obtenir de l'informations sur les dévorés retrouvés et sur le moyen de préserver les os pour pouvoir les montrer aux touristes.
L'équipe de spécialistes des os a donc été mandatée pour cette tâche pendant que Mathieu allait encore une fois chercher de l'argile.
Vous voyez ici Hallie, une prof de l'université d'Otago en Nouvelle-Zélande, et devant elle le tas d'os à examiner. Le carré de roche c'est en fait la tombe commune des malheureux d'où provient la pile d'os.


Nous nous sommes séparés les tâches alors pendant que Hallie et ses étudiantes faisaient l'inventaire des os, Frédérique (petite dame en rouge accroupie) et Mathieu (pas encore parti chercher du sticky ground) ont fait le plan de la scène et moi je prenais des photos de l'ensemble et des ossements. Et comme toujours au Vanuatu, il y a des spectateurs.

Maintenant que vous avez vu de vielles tombes, voici les tombes des populations actuelles. Fort différent de nos cimetières, mais oh combien jolies aussi :)

Changement de sujet, mais on reste dans les coutumes (dire kustom au Vanuatu) traditionnelles, voici les fameux tam-tams. Ces instruments à percussions sont construits à partir de troncs d'arbres évidés et sculptés afin de représenter la tribu d'où ils proviennent. Chaque tam-tam a donc un visage différent. Lors des cérémonies importantes ils s'en servent pour la musique en tapant dessus avec des batons.

Je ne vous raconterai pas les fouilles à Uripiv une seconde fois puisque vous avez déjà vu des photos, cette fois on va plutôt se pencher sur le boulot qu'a fait Mathieu. Alors pendant que nous on creusait des trous, Mathieu est plutôt allé gravir des montagnes sur Malekula pour trouver les sources, enfouies profondément, d'argile rouge. Il est parti aux côtés de Fidel (rappelez-vous l'histoire du cochon en guise de réconciliation) qui connaissait bien, parait-il, les endroits potentiellement intéressants. L'avantage de sa connaissance du terrain a cependant été un peu assombri par son habitude de boire beaucoup de kava et de ne pas être capable de se lever tôt et de ne pas être en état de travailler avant midi ;) Bref, bin du pognage de cul, comme on dit. Mais bon, l'objectif a été atteint, ils ont trouvé l'argile recherché.
Alors voici une photo prise du haut de la haute montagne que Mathieu et Fidel ont gravi.
Par chance, au moins, au sommet se trouvait une tour de communication pour laquelle une tranchée avait récemment été creusée ce qui a facilité la tâche de notre archéologue préféré qui n'était muni que d'une simple pelle pour creuser des trous d'un mètre de profond.
En passant, l'île que vous voyez au loin c'est Uripiv !!

Ce petit séjour avec Fidel aura au moins permis à Mathieu de voir des paysages magnifiques.
Fidel habite (ou a des amis qui habitent) sur l'île de Wala et c'est donc là qu'ils rentraient le soir où ils ont dormi comme des bébés après le dur labeur et les tonnes de shells de kava ;)



Ils ont aussi rencontré ce généreux monsieur qui s'occupe des tortues du coin en leur procurant les soins et la protection nécessaires pour assurer leur survie. Le voici avec ses petits bébés qui deviendront un jour de grandes et jolies tortues de mer.

Voici un autre aspect de la vie vanuatienne qui diffère de nos habitudes occidentales...
Comme ces gens habitent sur une petite île, l'école se trouve sur une île voisine. Alors vous voyez donc des papas qui s'en vont reconduire leurs enfants à l'école le matin en pirogues à balancier. Sachez que la mer est houleuse au départ (jeunes hommes tenez-vous bien aux bords étroits lorsque papa pousse la pirogues pour surmonter les vagues !!) et qu'ensuite les courants sont assez forts. Alors exit la balade en bus jaune, ici c'est papa qui pagaie sur une pirogue scultée dans un tronc d'arbre !!

Et pour finir, y'a pas que les hommes du passé qui faisaient des pots en terre cuite, certains s'amusent encore à les fabriquer, dont les gens de l'île de Santo. Ce charmant pasteur y est allé à plusieurs reprises et en a ramené plusieurs exemplaires, dont celui-ci qu'il a offert à Mathieu et qui par un miracle absolu s'est rendu indemne à la maison à Canberra.

Alors c'est tout pour aujourd'hui. Je bien heureuse d'avoir partagé avec vous l'épisode de nos aventures racontant le séjour à Malekula et Uripiv. J'espère que vous avez apprécié le récit et on se revoit bientôt pour les épisodes de Vila-Eratap et de Tanna-les vacances au volcan !!